Avocat de formation, elle a travaillé pendant 12 ans en qualité de juriste d’entreprise puis de directrice juridique chez Fiat et Man Camion & Bus. Elle a repris sa robe en 2008 pour pratiquer le droit de l’entreprise. Elle est aussi membre d’Avocap - avec qui nous avons noué un partenariat.

Comment utilisez-vous Case Law Analytics ?

Quand j’ai commencé à utiliser Case Law Analytics en 2019, c’était uniquement dans le cadre de dossiers contentieux en cours dont j’avais déjà fait l’analyse, évalué le risque et même pour certains calculé le montant potentiel de l’indemnité. Mon premier réflexe a donc été de vérifier si mon analyse initiale du dossier était proche de celle du module de simulation « rupture brutale des relations commerciales établies » qui permet de caractériser celle-ci et de calculer la durée du préavis accordé. Le résultat donné par le module était celui que j’avais plus ou moins déjà déterminé, ce qui m’a tout de suite rassuré sur ma propre analyse et mon évaluation du risque judiciaire qui sont le fruit de mon expérience et de mes recherches de jurisprudence.

Aujourd’hui, j’envisage de l’utiliser beaucoup plus en amont, avant la phase contentieuse, après avoir fait ma propre analyse du dossier bien sûr mais plus tôt, afin de travailler sur cette notion d’aléa judiciaire et de ne pas m’engager dans une procédure qui pourrait être évitée grâce à une médiation ou à un processus collaboratif si le dossier s’y prête. L’idée est d’anticiper et d’ouvrir le dialogue avec le conseil de la partie adverse en m’appuyant sur l’analyse faite par le module de simulation et de m’en servir comme support de discussion dans le cadre d’une négociation raisonnée. Si je suis convaincue que la médiation est la meilleure option pour mes clients, je peux évaluer plus facilement grâce à Case Law Analytics l’aléa judiciaire qui existe dans leurs dossiers.

Que vous apporte l’utilisation de Case Law Analytics ?

Case Law Analytics est une solution d’analyse et de calcul du risque judiciaire qui complète parfaitement l’expertise et l’expérience de l’avocat. Elle permet de rassurer tant l’avocat que son client car elle crédibilise l’analyse de l’avocat et sa stratégie pour défendre au mieux les intérêts de son client qui peut prendre encore plus conscience que si l’aléa judiciaire subsiste, il peut être maitrisé dans le cadre d’une fourchette d’évaluation du risque. Je m’en sers comme un outil pédagogique aussi bien pour prouver que mes demandes sont justes que pour qu’il ne soit pas déçu par la décision du juge ou l’issue de la médiation ou du processus collaboratif.

C’est une solution facile d’utilisation et assez intuitive car les critères à saisir sont bien définis et précis et les questions suivent un cheminement calqué sur le raisonnement juridique. Elle permet de mesurer l’impact de chaque critère sur la décision qui pourrait être rendue ce qui est très intéressant pour construire sa stratégie.

Evidemment, elle me fait aussi gagner du temps car elle me donne accès aux jurisprudences les plus proches de mon dossier.

Que change l’utilisation d’une solution d’intelligence artificielle pour vos clients ?

Mes clients sont ravis que j’utilise une solution d’intelligence artificielle car ils bénéficient d’une expertise complémentaire. Dans un premier temps, je leur demande s’ils souhaitent que je conforte mon analyse avec Case Law Analytics. Puis, dans la mesure du possible j’effectue la recherche en leur présence afin de pouvoir le cas échéant modifier ou adjoindre des critères et pour qu’ils puissent prendre la mesure de la pertinence du risque judiciaire. Les résultats sont édités dans un rapport que je peux facturer à mes clients sans que cela pose problème.

Mes clients sont aujourd’hui prêts à opter et payer pour cette prestation. Le prisme de facturation change totalement. Ce n’est pas le temps passé sur un dossier qui compte mais plutôt le temps que je fais gagner à mes clients. On ne facture pas des dossiers sur des longueurs de procédure donc on ne réduit pas sa facturation en étant plus performant grâce à une solution d’intelligence artificielle. Au contraire, à partir du moment où on ce qu’on demande à la partie adverse ou ce qu’on négocie est le plus proche de ce qu’on peut obtenir voire permet de trouver une solution amiable plus rapide, le client y voit un bénéfice immédiat. Il est prêt à payer un honoraire de succès ou de résultat sur une réduction de la durée de la procédure.

Une telle solution peut-elle contribuer à améliorer le système judiciaire et pourquoi ?

Oui, si le recours à ce type de solution ou si l’introduction des résultats de recherche dans les communications de pièces devient de plus en plus récurrent. Si c’est fait de manière ponctuelle, non. Ceux qui l’utilisent doivent prendre le risque de les produire dans leur procédure pour faire évoluer les mentalités je pense.

Oui aussi, si l’utilisation de ces solutions se généralise dans toutes les professions. Il faut qu’elle soit intégrée dans le processus d’évaluation du risque en tant qu’outil. Elles ne vont pas remplacer les hommes mais servir de complément à l’analyse des juges, des avocats, des directions juridiques…

Oui enfin, si tous les professionnels du droit sont formés à leur utilisation.